Résumons cette guerre médiatique. Sur tous les faits importants
du Golfe, on nous a soit menti noir sur blanc (guerre prétendue
propre et courte, marée noire, abri civil bombardé, blocus
des aliments et des médicaments...) soit caché la vérité
(volonté belliciste de Bush, propositions irakiennes de retrait
du Koweït, dégâts dus aux bombardements...) On a systématiquement
tu les voix divergentes. On nous a présenté les faits en
noir quand ils étaient commis par l'Irak et en blanc quand ils étaient
commis par les USA ou leurs alliés. On nous a monté des mises
en scène: menace sur l'Arabie Saoudite, quatrième armée
du monde, fortifications fantômes, complot terroriste, atrocités
fabriquées sur mesure, confidences du capitaine Karim...
Mais le plus important, c'est qu'on nous a systématiquement
caché les relations entre les faits, tout l'arrière-fond
permettant de comprendre les événements: l'histoire de la
région et notamment des rapports Irak-Koweït, stratégie
passée et présente des multinationales pétrolières,
véritables objectifs alliés dans cette guerre...
Bilan global: un sommet de la désinformation. Plus complet,
plus efficace que Timisoara. Ce bilan catastrophique est-il dû à
un manque d'expérience? Les précédents (Malouines,
Grenade, Panama) ridiculisent cette excuse de la "surprise". S'agit-il
alors d'une "bavure" due aux circonstances exceptionnelles de la guerre?
Ou bien n'est-ce que la partie visible de l'iceberg, selon l'expression
consacrée? Posons la question autrement: comment nous informe-t-on
couramment, en temps "normal"? Répondre nécessite une analyse
du système général des médias...
Comme le font Chomsky et Herman, on peut représenter le système
des médias, comme une machine à filtrer les faits: "Les mass
média servent de système de communication des messages et
symboles au peuple en général. Leur fonction est d'amuser,
de distraire et d'informer, et d'inculquer aux individus les valeurs, les
croyances et les codes de comportement qui les intégreront aux structures
établies de la société en général. Dans
un monde marqué par une concentration de la richesse et d'importants
conflits de classes, remplir ce rôle requiert une propagande systématique.
Argent et pouvoir ont la possibilité de filtrer les nouvelles qui
peuvent être imprimées, de marginaliser les oppositions et
de permettre au gouvernement et aux intérêts privés
dominants de faire passer leurs messages dans le public."
Quatre filtres successifs trient les faits. Beaucoup sont arrêtés,
quelques-uns sont retenus et transformés en événements.
Les filtres définissent aussi sur quelles bases idéologiques
ils seront présentés et lesquels mériteront une campagne
de presse prolongée.
Voici ces quatre filtres... 1. Les médias sont, depuis toujours,
une industrie et leur propriété est de plus en plus concentrée
aux mains de quelques monopoles privés, au capital et à l'influence
énormes.
Ces sociétés sont gérées en vue du profit
de leurs actionnaires. 2. La publicité. 3. 80 ou 90% des sources
dont les médias tirent leurs informations sont des sources liées
au gouvernement, à l'administration, ou au monde des affaires. Même
si les médias ne rapportaient rien, les classes au pouvoir veilleraient
à ce qu'ils légitiment et défendent le système
social existant. 4. L'idéologie dominante imprègne les journalistes
et les amène à se comporter, consciemment ou non, en défenseurs
de l'ordre établi, légitimant les politiques et les valeurs
de nos Etats. Cette intériorisation des objectifs du système
capitaliste permet à ce système de fonctionner de façon
"démocratique", c-a-d par autocensure. Nous reviendrons sur les
liens entre ces quatre filtres.
Analysons chacun de ceux-ci d'une manière générale,
illustrant ensuite cette analyse par l'un ou l'autre exemple de la couverture
médiatique du Golfe.
Premier filtre
Une propriété de plus en plus concentrée
Qui détient le pouvoir dans les médias? Le propriétaire.
Point de départ évident, mais trop oublié. Cette propriété
capitaliste des médias se concentre de plus en plus. Le phénomène
n'est certes pas nouveau: la France comptait 309 quotidiens en 1914. Aujourd'hui,
76. Plus important, le nombre de propriétaires ne cesse de se restreindre:
la presse périodique belge francophone comptait en 1946 une trentaine
de titres et autant de propriétaires. Aujourd'hui, toujours une
trentaine de titres mais moins de dix propriétaires. Et presque
tous les quotidiens sont aux mains de trois groupes.
Hersant possède l'un d'eux et convoite de près les deux
autres. Quant aux hebdomadaires, quatre groupes contrôlent 72% de
leur tirage.
Aux USA, en 1945, huit quotidiens sur dix appartenaient encore à
des propriétaires indépendants; aujourd'hui, par contre,
80% dépendent de grands groupes. Quant aux magazines, ils sont aux
mains de trois groupes importants (ils étaient encore vingt, il
y a une dizaine d'années).
Le capital nécessaire pour fonder un quotidien n'a cessé
d'augmenter. Aux Etats-Unis, par exemple, il fallait 69 000 $ en 1851,
456 000 $ en 1872 pour le St Louis democrat, et dans les années
1920, de 6 à 18 millions $. Lancer un quotidien populaire aujourd'hui
en France coûterait plus d'un milliard FF (chiffres évoqués
pour les projets Oméga de Hachette et Paris Star de Hersant). La
presse est "libre", mais à condition d'avoir les moyens.
4 empires médiatiques
Hersant, lu par 1 Français sur 4
* Doté d'un passé que la loi française nous interdit
d'évoquer, Robert Hersant lance sont premier magazine (L'Auto-Journal)
en 1950.
* Bénéficiant d'appuis politiques importants dans la
droite française, il acquiert dans les années 60 quelques
petits titres régionaux, puis des titres d'importance moyenne dans
le Nord et l'Ouest.
* 1975-1976: Hersant prend le contrôle du Figaro et de France-Soir.
l'Aurore suivra en 1979.
* Continuant à acquérir des titres, il viole ouvertement
le dispositif anti-concentration mis en place dans la presse française
au lendemain de la guerre.
* En 1988, il possède déjà 18 quotidiens régionaux,
d'importants magazines, dix hebdos et publicitaires gratuits, 11 magazines
spécialisés. Les chiffres ne cessent d'augmenter.
* Diffusion globale mensuelle en 1987: 7 697 640 exemplaires.
En 1992, détient 35% de la presse nationale et 18% de la presse
régionale. 1 Français sur 4 lit un quotidien Hersant.
* Extensions: Espagne et Belgique (40% du Soir, mais position minoritaire
et contestée).
* Europe de l'Est: journaux rachetés en Hongrie, hebdomadaires
créés en URSS.
* Audiovisuel: tentative de diversification avec la Cinq. Echec.
BERLUSCONI
La concurrence a tué la concurrence
* Au milieu des années 70, "la Cour Constitutionnelle "libère"
les ondes en permettant la création de multiples sations de types
"communautaire", proches des citoyens et de leurs besoins d'expression.
Ce processus s'est déroulé en trois phases:
* 1976-1979: une foule de petits émetteurs apparurent avec des
programmes de facture artisanale, au financement fragile.
* 1980-1982: de grandes entreprises découvrirent la télévision
privée, encouragée par l'abscence de règles. Parmi
elles, les principaux éditeurs du pays: Mondadori, Rizzoli, Rusconi
qui rachetèrent des stations pour les organiser en "réseaux"
et "circuits". Quatre grands réseaux finiront par dominer le marché
en 1982.
* 1983-1984: l'oligopole se muait en duopole. Les réseaux des
éditeurs en difficulté financière ou politique disparurent
ou furent absorbés par l'entrepreneur de construction Silvio Berlusconi,
déjà propriétaire de la chaîne la plus populaire
d'Italie, Canale 5. Celui-ci allait se trouver désormais en position
dominante par la prise de contrôle d'Italia Uno et Retequattro, les
trois réseaux représentant 80% de l'audience privée.
* Sur le marché "libéré", la concurrence a tué
la concurrence à coups de séries américaines, de dumping
publicitaire, de rachats de vedettes à prix d'or, ainsi que de surenchère
de droits d'émission pour la fiction et le sport.
Extraits de Lhoest, Les multinationales de l'audiovisuel,
Genève, 1986.
MURDOCH
"Fouille-merde" au Times
* Surnommé "Dirty Digger" (fouille-merde)
pour sa stratégie des trois S (sexe, sang et scandale).
* Possède au total 80 journaux et magazines.
* Base de départ: l'Australie. Il y contrôle
deux tiers du tirage.
* Aux Etats-Unis: 17 hebdos US, 21% de l'audience
nationale en télévision, divers quotidiens.
* En Grande-Bretagne: rassemble dans le même
groupe journaux de trottoir et presse "de qualité" (le vénérable
Times, acquis en 1981).
* La méthode Murdoch est celle du raider
type, dit Holde Lhoest: "Racheter à bon compte des entreprises frôlant
la faillite pour les relancer à coups de "nettoyage" radical des
équipes, de "décapage" des pratiques rédactionnelles,
de rationalisation technologique implacable et de marketing agressif mené
sans scrupule."
Murdoch: bénéfices pour 1989
Divers: 245 millions $
TV: 6 millions $
Journaux: 535 millions $
Magazines: 244 millions $
BERTELSMANN
De la forêt à votre boîte aux lettres
* 32 000 collaborateurs dont la moitié hors d'Allemagne.
* Maison d'édition familliale à l'origine, Bertelsmann
a élargi le concept d'éditeur, en intégrant l'amont
(jusqu'à la fabrication du papier) et l'aval (messageries de presse,
imprimerie, emballage, expédition).
* Le groupe comprend 25 maisons d'édition, 30 clubs de livres,
20 entreprises de fabrication industrielle et des magazines à succès
(Stern, Brigitte, Capital, Géo, Parents, Prima).
* S'est aussi étendu à l'édition musicale (Sonopress,
Ariola).
* Production pour la TV et le cinéma.
* Allié à la CLT dans la télévision RTL-Plus.
* Aux USA est devenu n°1 dans l'édition (Doubleday) et dans
l'impression (Bown Printing).
Bertelsmann: chiffre d'affaires
Imprimerie: 1,7 milliard $
TV: 0,5 milliard $
Musique: 2,1 milliards $
Presse: 2 milliards $
Livres: 3,3 milliards $
Source: Bertelsmann 1990.
Aujourd'hui, en Europe, la concentration des médias bat son plein.
Le marché est de plus en plus aux mains d'un petit nombre de groupes:
Berlusconi, Bertelsmann, Murdoch, Hachette...
Quelques outsiders (CLT, Hersant...) devront sans doute choisir entre
l'intégration ou la disparition...
Aux Etats-Unis, même si le nombre de titres reste élevé,
29 groupes contrôlent la majorité des ventes des quotidiens,
des magazines, de l'audiovisuel, des livres et des films. Le capital de
chacune de ces sociétés dépasse le milliard de dollars.
Moyenne: 2,6 milliards. Selon Ben Bagdikian, analyste des médias,
ces groupes "constituent un nouveau ministère privé de l'Information
et de la Culture."
Les médias US méritent-ils l'aura du Watergate, la réputation
d'une presse révélant sans compromission les scandales les
plus haut placés? Le Golfe, sommet de l'autocensure patriotique
démontre que non. La raison est logique: cette presse appartient
largement aux groupes monopolistiques dans l'intérêt desquels
cette guerre était menée.
"Les trois quarts des actions d'
ABC, NBC et CBS
(les trois grandes
chaînes TV US) appartiennent à des banques dont la
Chase
Manhattan Bank, la Citibank, la Bank of America et la Morgan Guaranty Trust.
Les
grands groupes financiers contrôlent également 34 stations
locales de télévision, 201 systèmes de télévision
par câble, 62 stations de radio, 20 sociétés de disques,
59 magazines, parmi lesquels Time et Newsweek, et les illustres quotidiens
que sont le New York Times, le Washington Post, le Wall Street Journal
et le Los Angeles Times. 41 sociétés d'édition et
plusieurs compagnies cinématographiques.
Cinq
groupes médiatiques se partagent le marché du disque,
Warner
Bros et CBS
en contrôlent 65% à eux seuls. Les trois chaînes
nationales de télévision se répartissent les deux
tiers des revenus publicitaires. Il existe cependant un réseau de
télévisions indépendantes. Mais 80% d'entre elles
sont affiliées aux chaînes nationales privées pour
la diffusion des informations", écrivait Jean Solbès en 1988.
Chaque années, ces chiffres sont à rajuster, tant est rapide
la valse des rachats et concentrations.
En ce qui concerne les télévisions,
trois groupes "semblent" en mesure de s'imposer au cours des prochaines
années", ecrivait L'Expansion, le 18/08/90: Berlusconi dominant
en Italie, présent en France, en Allemagne et en Espagne, avec des
projets en Pologne, Hongrie et Tchécoslovaquie; ensuite, la CLT
qui participe à six chaînes en Europe; enfin, Canal Plus,
puissant financièrement et exportant sont savoir-faire en Belgique,
en Allemagne et en Espagne.
Intégration au monde des affaires
La concentration des médias est encore renforcée pae l'irruption de sociétés extérieures au monde de la communication et dont la capacité d'investissement est encore plus importante.
Liés au business
USA:
Les médias US sont liés aux grosses
sociétés privées par les échanges de membres
des conseils d'administration? Voici trois exemples...
New York Times:
Merck, Morgan Guaranty
Trust, Bristol Myers, Charter Oil, Johns Manville, American Express, Bethlehem
Steel, IBM, Scott Paper, Sun Oil, First Boston Corporation.
Time Inc: Mobil Oil, AT&T, American Express, Firestone Tire & Rubber Company, Mellon National Corporation, Atlantic Richfield, Xerox, General Dynamics et la plupart des banques internationales.
Gannett (USA Today et 87 autres quotidiens): Standard Oil of Ohio, Merryll Linch, 20th Century Fox, Mc Donnell Douglas Aircraft, McGraw-Hill, Eastern Airlines, Phillips Petroleum, Kellogg Company, New York Telephone Company, Kerr-McGee (pétrole, gaz, nucléaire, aéronautique).
Le Monde
"Le Monde Entreprise" a pour actionnaires: Saint-Gobain,
Compagnie financière de Suez, Thomson, L'Oréal, groupe Elf,
Crédit Agricole, BSN, Crédit mutuel, groupe victoire, Fayard,
Seuil, Belfond, UAP-Vie, BNP, CFP, Antarès, Alain de Gunzburg, Roger
Fauroux, Pierre Guichard, Serge Kampf, Christian Hermain. Parmi les administrateurs,
on trouve: Etienne Pfimlin (Crédit mutuel), Gérard Worms
(Suez ventures), Jean Peyrelevade (UAP), etc.
Source: greffe du tribunal de commerce.
Havas
Administrateurs: les PDG des sociétés
Assurances générales de France, Banque Nationale de Paris,
Banque Vernes, Société Générale, Société
Lyonnaise-Dumez, Garantie Mutuelle des Fonctionnaires, Assurances de Paris,
BSN, Canal +, le directeur général de la Caisse des Dépôts
et Consignations, le président du Conseil de Surveillance de Paribas,
le directeur de la Caisse nationale de crédit agricole, un directeur
régional de Havas Média, un réprésentant des
cadres, un représentant des employés, l'ancien président
de la commission des opérations de Bourse.
Source: bilan Havas 1990.
Démocratiques, nos médias?
Comme l'explique Holde Lhoest, "Les nouveaux patrons de l'image tiennent
leurs groupes d'entreprises d'une main de fer par une gestion autocratique
extrêmement stricte. Chaque jour, ils en contrôlent de près
les produits en vérifiant leur conformité à la maxime
du marché: "Medias is entertainement". Cette personnalisation du
pouvoir, au niveau éditorial comme de la gestion, est un instrument
décisif du succès. Il leur confère une grande souplesse
permettant d'agir rapidement en fonction d'impératifs exclusivement
commerciaux."
Source: Holde Lhoest, Les multinationales
de l'audiovisuel en Europe, Genève, 1986.
On a reproché à l'Europe de l'Est
sa concentration bureaucratique du pouvoir d'informer. Mais les principaux
groupes de médias occidentaux sont aux mains d'une poignée
de milliardaires. Une catégorie sociale qui représente moins
de 0,001% de la population. La concentration qui règne à
l'Ouest n'est-elle pas bien plus puissante et d'autant plus efficace qu'elle
parvient même à se faire oublier?
Un
Murdoch ou un Berlusconi peuvent décider, sans aucun contrôle
démocratique, la vie ou la mort d'un média, la ligne rédactionnelle
qu'il suivra, l'engagement ou le licenciement de ses directeurs et de ses
journalistes.
Six ou sept groupes sont en train de prendre
le contrôle de tous les marchés médiatiques du monde.
Et leur passé n'inspire guère confiance quant à leurs
vertus démocratiques: Hersant dont l'activité durant la guerre
fit l'objet d'un débat à l'Assemblée nationale, Berlusconi
autocrate et mégalomane, Murdoch, impitoyable licencieur et surnommé
"fouille-merde" par les journalistes britanniques... Maxwell, un escroc
qui a détourné 400 millions de livres sterling, était
salué par l'establishment britannique pour avoir réussi à
démolir le syndicat du livre, un des plus puissants du pays. Un
exemple: quand 23 rédacteurs des éditions Pergamon exigèrent
la reconnaissance de leur syndicat en 1989, Maxwell les licencia tous sur
le champ!
Comment s'étonner que des médias
appartenant à quelques milliardaires monopolisent l'information,
cachent la vérité chaque fois que l'exigent les intérêts
du système? On vante la presse occidentale pour son pluralisme.
Quel pluralisme y a-t-il à choisir entre Hersant, Murdoch et Berlusconi?
La presse de Fiat
"Les quotidiens, magazines et chaînes de
télévision les plus importants d'Italie sont entre les mains
d'une poignée de personnalités qui peuvent généralement
contrôler le flot d'informations sans enfreindre les lois. Cela fait
plus de soixante ans que Fiat possède la totalité du quotidien
turinois La Stampa.
(N'oublions pas de citer
au passage que le Vatican est l'un des gros actionnaires du groupe Fiat.
Note du C.A.R.L.).
Le prestigieux Corriere
della Sera, à Milan, est tombé entre ses mains en 1985 en
même temps que 23 autres quotidiens et magazines, quand la société
et ses alliés ont racheté l'empire Rizzoli. Le quotidien
le plus vendu en Italie, La Republica, n'appartient pas à l'empire
Agnelli mais à deux groupes" (dont Carlo De Benedetti).
"Les autres grands patrons de la presse italienne
sont le géant de l'alimentation et de la chimie Ferruzzi-Montedison,
l'ENI. (...)
Le groupe d'Agnelli (P.D.G. de Fiat) contrôle
près du quart des quotidiens nationaux. (...) L'image légendaire
est bien implantée et le président de Fiat est généralement
décrit comme une sorte de "bon roi" dont les intérêts
personnels, ceux de sa société, coïncident à
peu près toujours avec ceux, plus larges, de la nation. Ce culte
du héros tel que le pratiquent la plupart des médias signifie
que les attachés de presse d'Agnelli n'ont même pas besoin
de lever le petit doigt pour obtenir une publicité favorable. Quand
Agnelli se casse le fémur, c'est en première page."
Source: Alan Friedman, Agnelli, Paris, 1989.
"Liberté limitée"
"Le patron de TF1 (...) convenait avec la Commission
Nationale de la Communication et des Libertés (CNCL: autorité
de tutelle de l'audiovisuel en France) "qu'il est bien évident que
la liberté d'expression a des limites". Et ces "limites évidentes",
il allait bientôt les fixer lui-même, pour la plus grande satisfaction
de la CNCL, après que Michel Polac, précisèment, dans
son émission du 19/09/1987, eut évoqué la pratique
du financement des partis politiques par la concession de grands travaux
comme celui du pont de Ré que construisait alors l'entreprise Bouygues.
Le licenciement de Michel Polac, en septembre 1987, fut la première
grande manifestation de censure dans une chaîne privatisée.
Bien néfaste inauguration; elle soulignait la naïveté
de ceux qui, gagnés par la propagande néolibérale,
pensaient comme Michèle Cotta (directrice de l'information à
TF1) que: la privatisation, c'est non seulement plus de liberté,
mais surtout une nouvelle liberté".
Source: Ignacio Ramonet, Misère de l'audiovisuel,
in La communication victime...